Dans cette nouvelle série, Positivéco jette un coup de projecteur sur les influenceurs à suivre.
Pour nous attaquer au monument Emmanuel Faber, nous avons lu son livre Ouvrir une voie (paru aux Editions Paulsen).
Emmanuel Faber témoigne tout haut dans Ouvrir une voie de la difficulté à réconcilier le social et l’économie dans une multinationale cotée en bourse.
D’une voie à l’autre.
Emmanuel Faber est l’ancien patron de Danone, la première société au monde à avoir publié un bénéfice ajusté du coût du carbone en 2019 et la première société du CAC40 à avoir adopté la qualité d’entreprise à mission en 2020. Limogé après la période ‘Covid-19’, Emmanuel Faber témoigne tout haut dans Ouvrir une voie de la difficulté à réconcilier le social et l’économie dans une multinationale cotée en bourse. Comme il le dit, « Si c’était simple, tout le monde le ferait. »
Faber est à la tête l’International Sustainability Standards Board (ISSB) depuis sa création en 2021.
Selon lui, l’économie et les marchés financiers doivent être régulés pour garantir la résilience.
Seulement quelques mois après avoir été évincé de la tête de Danone, Faber se retrouve de nouveau au pied de la voie en rejoignant le bureau de normalisation extra-financière de la Fondation IFRS (l’ISSB). Faber est à la tête l’International Sustainability Standards Board (ISSB) depuis sa création en 2021. Sa mission : faire aboutir en 2023 le projet de création d’un ensemble de normes extra-comptables qui permettront d’évaluer la performance environnementale et sociale des entreprises et des investisseurs.
Une mission éclair, nécessitant d’organiser l’interopérabilité de ces normes avec les autres référentiels de reporting existant ou en gestation (ESRS), d’obtenir l’adhésion des principales places financières mondiales et de réussir leur adoption par le syndicat des firmes d’audit et comptables (pour lesquelles l’opportunité économique est évidente).
Il poursuit l’expérimentation autour de la transformation de l’alimentation et des systèmes agricoles au sein du fonds de capital-risque Astanor Ventures.
Ses forces.
- Emmanuel Faber maîtrise parfaitement les codes de l’économie de marché.
- Avoir dirigé une entreprise globale, il est le symbole, en France, qu’il est possible pour un patron d’allier leadership et vision sociale de l’entreprise (faisant écho au ‘discours de Marseille’ d’Antoine Riboud en octobre 1972).
- Être libéré de ses fonctions de patron de Danone est devenu pour lui un avantage.
- Il peut compter sur un réseau solide sur tous les continents, y compris en Chine.
- Il poursuit l’expérimentation autour de la transformation de l’alimentation et des systèmes agricoles au sein du fonds de capital-risque Astanor Ventures.
- Il enchaîne les premières.
Tenir compte financièrement du coût de la dégradation des sols, représenterait un surcoût de 5 à 10% à affecter à l’amont de la filière.
Faber a contribué à la Loi Pacte en France.
Il milite pour une nouvelle définition de la compétitivité où l’avantage concurrentiel (environnemental et social) est la capacité à accéder et à mettre en œuvre les ressources dont l’entreprise a besoin d‘une manière distinctive.
La vraie révolution sera de dessiner une compétitivité par et pour le vivant.
Ses domaines d’influence principaux.
(D’après ‘Ouvrir une voie’)
- Repenser le modèle dominant de monoculture intensive, régénérer les sols, relocaliser l’agriculture, réintroduire la diversité variétale contre l’appauvrissement du vivant.
Pensée à retenir : Concernant la régénération des sols, tenir compte financièrement du coût de la dégradation des sols, représenterait un surcoût de 5 à 10% à affecter à l’amont de la filière. Ce renchérissement de la matière première agricole inciterait à la réduction du gaspillage alimentaire qui représente entre 30 et 40% des calories récoltées dans les champs.
- Repenser la valeur des entreprises à la lumière de nouveaux indicateurs.
Emmanuel Faber a contribué à la Loi Pacte en France . Il a soutenu et désormais se porte garant de la mise en place de « carbon warnings » en cas d’engagements de décarbonation non tenus.
Pensée à retenir : Des outils pour réussir la transition sociale ? Faber prône la mise en œuvre de mesures statistiques universelles de la distribution des revenus, dans les entreprises et dans leurs chaines d’approvisionnement.
- Repenser le concept de modèle d’affaires.
Emmanuel Faber milite pour une nouvelle définition de la compétitivité où l’avantage concurrentiel (environnemental et social) est la capacité à accéder et à mettre en œuvre les ressources dont l’entreprise a besoin d‘une manière distinctive. Les coûts doivent intégrer le coût de renouvellement des ressources utilisées.
Pensée à retenir : La performance environnementale doit être reflétée dans le coût du capital. La compétitivité repose sur une identité, une culture, un narratif qui cimentent la cohésion sociale dans une vision qui donne du sens. Il ne peut y avoir de compétitivité sans une combinaison ultra réfléchie d’efficience (optimiser le court terme) et de résilience (sécuriser le long-terme). Cela requiert un mix d’innovations techniques (bien) choisies et d’innovations sociales, de processus de gouvernance, d’intelligence collective, d’inclusivité sociale, dont l’essence ne sera pas capitalistique mais locale et culturelle.
Si cette combinaison doit permettre d’ancrer l’économie et ses acteurs dans une souveraineté qui la rendra compétitive, la vraie révolution sera de dessiner une compétitivité par et pour le vivant. Faber cite à ce sujet Edward O. Wilson: « Nous traversons trois crises : celles du climat, de l’eau et du vivant. Seule celle du vivant est réversible. »
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