Climate week NYC – Le plus grand événement climatique au monde

La Climate Week NYC 2024 s’est déroulée du 22 au 29 septembre.

Le Climate Group est une organisation à but non lucratif dédiée à l’accélération de l’action climatique. Afin d’atteindre un monde décarboné d’ici à 2050, cette organisation mise sur l’action collective en animant desréseaux d’entreprises et de gouvernements influents. Depuis son lancement en 2004, le Climate Group a réuni plus de 500 multinationales opérant dans 175 marchés au sein de son réseau.

Son travail se concentre sur les secteurs d’activité les plus émetteurs de gaz à effet de serre, ainsi que ceux au sein desquels son réseau a la plus grande force de frappe. Il s’agit notamment de l’énergie, des transports, de la construction et de l’industrie.

Le groupe collabore également avec des gouvernements du monde entier pour promouvoir l’adoption des politiques d’actions climatiques les plus efficaces. Dans ce cadre, le Climate Group assure le secrétariat de la coalition Under2, plus grand réseau d’États et de régions engagés à atteindre zéro émission nette d’ici à 2050.

Le troisième levier d’action du groupe est l’organisation de la Climate Week NYC, plus grand événement climatique au monde lancé en 2009. L’objectif de l’événement est de réunir des représentants d’entreprises, de gouvernements et de la société civile afin de promouvoir une action climatique immédiate.

Cette année, la Climate Week NYC s’est ouverte sur la présentation d’une to-do list globale de 7 actions pour remettre le monde sur les rails des objectifs de l’Accord de Paris.

Le plan d’actions vise à combler le fossé important entre les recommandations scientifiques et la réalité de l’action climatique déployée par les gouvernements et les entreprises. Ainsi, le Climate Group appelle les décideurs à se concentrer sur des listes d’actions climatiques annuelles bien plus ambitieuses qu’aujourd’hui.

La Climate Week NYC a dévoilé les sept actions de sa to-do list globale au sein des secteurs clés de l’action climatique. Ces actions sont les suivantes :

1. Soutenir les travailleurs pour réduire l’utilisation de charbon – Le Climate Group appelle à augmenter les compensations prévues, par exemple en maintenant le salaire des employés pendant 3 ans en cas de fermeture anticipée d’un site.
2. Déployer les énergies renouvelables – Le Climate Group constate que de nombreux obstacles réglementaires, liés aux permis ou aux objectifs peu ambitieux des pays du G20 freinent le déploiement des énergies renouvelables. Ce point d’action appelle donc les gouvernements à lever ces verrous en 2024, afin d’atteindre l’engagement du G20 et de la COP28 de tripler la capacité mondiale d’ici à 2030.
3. Interdire le regarnissage des fours sidérurgiques alimentés par du charbon – Le Climate Group signale le grand nombre de fourneaux dont le garnissage est à refaire, ce qui implique l’utilisation de charbon pendant au moins 15 années supplémentaires. A l’inverse, l’utilisation de fours électriques et la production d’hydrogène vert devraient désormais devenir la norme.
4. Prendre le méthane au sérieux – Le Climate Group insiste sur l’importance d’une réduction rapide et durable des émissions de méthane pour freiner le réchauffement climatique. Ce point d’action invite les gouvernements à créer une puissante agence mondiale d’ici à la prochaine COP. Ainsi, cette agence disposera de l’autorité nécessaire pour auditer les déclarations et les résultats des entreprises du secteur des combustibles fossiles. L’objectif est d’identifier également les ressources nécessaires pour s’attaquer aux fuites les plus importantes.
5. Cesser d’ignorer l’efficacité énergétique – Cet aspect de l’action climatique étant encore négligé, le Climate Group appelle chaque entreprise à fixer un objectif d’amélioration de son efficacité énergétique de 5% dans les 12 mois à venir. La réduction passera par l’optimisation de l’isolation, du chauffage, de la climatisation et de l’énergie industrielle ainsi que par l’utilisation de véhicules électriques. De plus, le groupe encourage le G20 à s’accorder sur une incitation à l’investissement minimum, suivant l’exemple des États-Unis.
6. Acheter propre – Le Climate Group estime que le pouvoir d’achat considérable des entreprises et des gouvernements (100 milliards de dollars par an) peut faire évoluer les marchés. En conséquence, ces acteurs devraient faire du climat un critère d’achat central. Tous sont invités à privilégier les aliments sains à faible émission de carbone, établir des objectifs pour l’acier et le béton bas carbone, atteindre un mix énergétique 100% renouvelable et investir dans des véhicules électriques.
7. Taxer les entreprises pétrolières et gazières pour financer la transition – Pour s’assurer que le pollueur paie, le Climate Group estime que le G20 doit convenir d’une nouvelle taxe minimum à l’importation sur le pétrole et le gaz. Quelques dollars par baril permettraient de collecter des centaines de milliards pour financer la transition vers un monde décarboné. Par ailleurs, le groupe souligne que ces entreprises déclarent chaque année des milliards de dollars de profits qui ne sont pas investis dans l’action climatique.

La Climate Week NYC a eu lieu en même temps que le Sommet de l’avenir, organisé par les Nations Unies à New York.

Par conséquent, le Climate Group a réuni 15 maires, gouverneurs et dirigeants des 5 continents pour écrire une lettre à destination des chefs d’État au sujet desénergies fossiles. Cette lettre incite directement à s’attaquer sans délai à ce secteur, soulignant que « nous devons reléguer les combustibles fossiles dans le passé et limiter leur influence indue dans le présent. » Nehmat Kaur, directrice de la coalition Under2, clarifie les raisons de cette mise en garde : « Ceux qui négocient le texte final du Pacte pour l’avenir de l’ONU se concentreront à juste titre sur la crise mondiale de la sécurité et de la paix, mais ils ne doivent pas oublier l’urgence climatique. Si l’on ne s’y attaque pas d’urgence, les conséquences de son escalade exacerberont les conflits et les tensions politiques dans le monde entier. »

Dédié à la création d’un nouveau consensus international, l’objectif du Sommet de l’avenir porte sur l’identification de mesures concrètes pour faire avancer les Objectifs de Développement Durable. En effet, l’année 2023 a marqué la moitié du parcours mondial vers la mise en œuvre de l’Agenda 2030 des Nations Unies, dont Positivéco a analysé l’avancement en Europe et à l’international. Ainsi, il est l’heure pour les Nations Unies d’accélérer ses efforts pour respecter ses engagements existants et agir pour répondre aux défis émergents.

Cet objectif a été atteint avec l’adoption d’un pacte global centré sur l’action. Que contient ce Pacte pour l’avenir, adopté le 22 septembre 2024 ?

Les négociations ont notamment abouti à des engagements dans les domaines suivants :

Paix et sécurité :

• Plan de réforme du Conseil de Sécurité
• Réengagement multilatéral pour le désarmement nucléaire
• Engagement de renforcement de la gouvernance internationale de l’espace afin d’en éviter la militarisation
• Actions dédiées à éviter la militarisation et l’emploi abusif des nouvelles technologies, comme les armes létales autonomes

Développement durable, climat et financement du développement :

• Réforme du système financier international pour une meilleure représentation des pays en développement
• Amélioration de la mesure du progrès humain, en allant au-delà du PIB pour prendre en compte le bien-être humain et le développement durable
• Engagement d’étude d’un niveau minimum d’imposition global des grandes fortunes
• Confirmation de la nécessité de maintenir la hausse des températures à moins de 1.5°C et de sortir des énergies fossiles pour atteindre zéro émission nette d’ici à 2050.

Coopération numérique :

• Publication du Pacte Numérique Mondial, le premier standard mondial pour la coopération numérique et la gouvernance de l’intelligence artificielle
• Ce document constitue un engagement de conception, d’utilisation et de gouvernance de la technologie pour le bénéfice de tous.
• Il constitue également le premier engagement mondial pour la gouvernance des données, qui est désormais à l’agenda de l’ONU et exige des parties des mesures concrètes d’ici à 2030.

Jeunesse et générations futures :

• Publication de la première Déclaration sur les Générations Futures, qui émet la possibilité de nommer un représentant dédié à ces générations.
• Un engagement mondial pour fournir plus d’opportunités aux jeunes de participer aux prises de décision les affectant.

Droits humains et genre :

• Renforcement du travail sur les droits de l’homme, l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes
• Appel à la protection des défenseurs des droits de l’homme
• Rappel de l’importance de l’engagement d’autres parties prenantes dans la gouvernance mondiale, y compris les gouvernements locaux, la société civile et le secteur privé.

Suite aux recommandations concrètes de la Climate Week et aux engagements ambitieux du Sommet de l’avenir, quelle est la prochaine étape ? Les regards se tournent désormais vers l’agenda du prochain sommet du G20, qui aura lieu à Rio de Janeiro les 18 et 19 novembre 2024.

Le Pacte pour l’avenir peut être consulté dans son intégralité sur le site de l’ONU en anglais et en français.

En 2022, la Climate Week de New York a été pour Positivéco l’occasion de replacer la politique économique verte américaine et l’attractivité de son marché au cœur de notre attention.

En 2023, nous constations que le forum new-yorkais donne la parole aux économies émergentes. Ces économies pèsent sur la scène diplomatique et se positionnent en leaders de la durabilité. Une place que sont peut-être prêts à céder les leaders des économies développées en prise avec la mise en œuvre concrète sur leurs territoires des objectifs de décarbonation ?

Grand témoin de ces nouvelles opportunités, les Émirats Arabes Unis qui ont accueilli la COP 28 étaient représentés par Razan Al Mubarak. Razan Al Mubarak dirige depuis 2010 l’agence environnementale d’Abu Dhabi et incarne cette nouvelle génération. Elle est actuellement présidente de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Elle a été nommée championne de haut niveau des Nations Unies pour le changement climatique dans le cadre de la présidence de la COP28.

En novembre, la COP28 aux Émirats arabes unis a donné lieu à la toute première évaluation complète des progrès accomplis par rapport aux objectifs climatiques. L’occasion de tirer un bilan et d’ouvrir des perspectives.

En 2022, la ville de New York organisait sa convention pour le climat dans un contexte des affaires marqué par la Loi IRA et le budget colossal dédié au verdissement de l’économie américaine d’ici 2030 ayant créé un gigantesque appel à projets. Grandes marques, start ups, ONG, et stratèges avaient répondu présents.

Joe Biden en avait fait un objectif présidentiel et un rempart contre l’inflation. Le pays doit avoir réduit ses émissions de gaz à effet de serre nettes de 50% d’ici à 2030 par rapport aux émissions de 2005, objectif inscrit auprès des Nations Unies lorsque le pays avait rejoint l’Accord de Paris sur le Climat en 2021. Selon les projections américaines (figure ci-dessous extraite de la communication de l’état fédéral aux Nations Unies, NDC*), la courbe des émissions se serait infléchie de façon définitive.

Source: The United States Of America Nationally Determined Contribution Reducing Greenhouse Gases in the United States : A 2030 Emissions Target, April 2021

Passées au crible du Carbon Action Tracker initiative, dont les travaux ont été présentés cette semaine à NYC, la feuille de route américaine est moins prometteuse. Une pause dans les émissions aurait bien été enregistrée en 2020 en raison du Covid mais les émissions auraient augmenté en 2021 de 6% par rapport à 2020. Les politiques et mesures prises par le pays ne sont d’ailleurs pas à la hauteur de l’objectif et entament sa crédibilité.

Seules 8 à 9% des émissions mondiales seraient couvertes par un objectif d’atténuation satisfaisant. Pour une revue quasi complète des engagements nationaux et régionaux, rendez-vous sur le site de l’ONG.

Source: CAT warming projections, Global temperature increase by 2100, November 2021 Update

*NDC : Nationally Determined Contribution – https://unfccc.int/ndc-information/nationally-determined-contributions-ndcs