Au cours des deux jours, les experts se sont succédé à la tribune pour dresser un bilan comparé des chemins parcourus par les Etats-Unis, l’Europe et la Chine.
La mauvaise gestion européenne pourrait nous conduire à un appauvrissement et une dépendance technologique des Etats-Unis et de la Chine, d’après Jean Tirole.
Un 4ème sommet « Sauver le Bien Commun » de haute volée a eu lieu les 13 et 14 juin derniers. L’édition de cette année était intitulée ‘Qui va payer ?’.
Organisé par la Toulouse School of Economics et Challenges, Les Echos et Le Parisien, le sommet a mis en avant un panel d’intervenants de premier ordre. Parmi eux,
De nombreux économistes et des personnalités publiques :
- Jean Tirole, Prix Nobel d’économie, Président honoraire de Toulouse School of Economics and member fondateur de l’Institut d’étude avancée de Toulouse,
- Daron Acemoglu, économiste et professeur au MIT,
- Philippe Aghion, économiste et professeur, Collège de France,
- Jean Pisani-Ferry, professeur d’économie à Sciences Po & Bruegel Institute,
- Laurence Tubiana, Fondation européenne pour le climat,
- Antoine Peillon, secrétaire général de la planification écologique (France).
Des chefs de grandes et très grandes entreprises :
- Getlink (un quart du fret entre l’Europe et la Grande Bretagne chaque année)
- BNP Paribas,
- Pfizer,
- InVivo,
- TotalEnergies.
Au cours des deux jours, les experts se sont succédé à la tribune pour dresser un bilan comparé des chemins parcourus par les Etats-Unis, l’Europe et la Chine sur les thématiques de recherche de prédilection de TSE. En Europe, les performances de nos systèmes d’éducation, d’innovation, et de recherche sont médiocres. A plusieurs reprises, les panélistes ont tiré des sonnettes d’alarme à destination des politiques et des instances de gouvernance européennes. En particulier, l’argent de la recherche est mal investi en Europe. Les erreurs relèvent de la négligence. Cette mauvaise gestion pourrait nous conduire à un appauvrissement et une dépendance technologique des Etats-Unis et de la Chine, selon Jean Tirole.
La gestion des biens communs semble refléter la santé de notre démocratie.
A partir d’une analyse des technologies d’intelligence artificielle, et de l’engouement dont elles bénéficient, Daron Acemoglu du MIT nous alerte sur les choix à opérer, critiques pour l’avenir. En effet, les modèles dominants depuis 30 ans dans l’industrie de la tech favorisent l’apparition d’oligarchies (de grandes entreprises monopolisant les données afin de créer des outils qui permettent aux autres entreprises d’automatiser le travail et monétiser ces données). A l’opposé d’un modèle responsabilisant les individus. Heureusement, il n’est pas trop tard pour rediriger nos choix technologiques dans la bonne direction. Et Daron Acemoglu cite l’expérience de Taiwan dont la Ministre des affaires digitales Audrey Tang a su utiliser ces technologies de l’information pour créer une série de plateformes « pro-démocratie » visant notamment à rendre compte de la gestion du gouvernement de façon ouverte.
Pour être crédible, le plan doit représenter un « pari raisonnable ».
En France, le plan de transition s’élève 60-70 milliards d’euros d’investissement par an.
Le chiffrage réalisé par Jean Pisani-Ferry et corroboré par le secrétariat général à la transition écologique mais il diverge sur la répartition des sources de financement.
Pour Jean Pisani-Ferry, l’effort portera à 50-50 sur le public et le privé, quitte à devoir remettre en cause le pacte de stabilité européen qui ne prévoit pas de régime spécial pour la dette liée à la transition climatique.
Selon Antoine Peillon, dont le service a identifié une cinquantaine de leviers de décarbonation, l’effort pèserait à 50% sur les entreprises, 25% sur les ménages et 25% sur l’état et les collectivités.
Décarboner les 50 sites industriels les plus importants représenteraient près de 10% de l’effort à réaliser en termes de réduction des émissions de GES (soit 18 millions de tonnes).
Si 50% des leviers à activer sont « bancables », les 50% restants ne pourront être supportés en totalité par les pouvoirs publics. Face à TotalEnergies France, Antoine Peillon invoque explicitement une contribution plus importante de la part des secteurs bénéficiant de rentes.
Pour être crédible, le plan doit représenter un « pari raisonnable ». Une période de débat politique va s’ouvrir en Europe et en France sur la question du calendrier de mise en œuvre du Green Deal. Pour Jean Pisani-Ferry, nous n’avons pas les moyens en France de revenir en arrière sur nos choix de transition industrielle.
Comment le récit peut-il aider à faire comprendre et à faire accepter la nécessité d’un sacrifice?
Le récit de la lutte contre le changement climatique doit, être corrigé.
L’édition 2023 était intitulée « Sacrifices et Opportunités ».
Tous ces leviers ou ces limites font l’objet de travaux de recherche. Une question-clef se pose : comment le récit peut-il aider à faire comprendre et à faire accepter la nécessité d’un sacrifice ? Les récits qui l’emportent mettent en scène un héros combattant un ennemi, ils justifient le fait de devoir accepter, d’abord, un sacrifice, en vue d’une récompense ultérieure. Et non l’inverse, comme l’illustre le récit, perdant, du gouvernemental sur la réforme des retraites, où le sacrifice vient à la fin, souligne d’ailleurs Paul Seabright, TSE.
Le récit de la lutte contre le changement climatique doit, lui, être corrigé. Selon Bengt Holsmtröm, atteindre ou non les 1.5°C de l’Accord de Paris n’est pas le bon ennemi. Les manifestations locales et physiques du changement climatique, constituent une cible plus concrète et identifiable.
Ces associations se posent en héros d’une ou plusieurs générations face à un ennemi bien identifié. Elles militent pour un sacrifice partagé en vue d’un futur meilleur.
Des participants avaient marqué le sommet par leurs interventions.
- La fondatrice de L214, Brigitte Gothière, avait pu échanger de façon policée avec le directeur de la stratégie de LVMH, Jean-Baptiste Voisin, qui présentait la charte de bonnes pratiques en matière d’élevage de crocodiles devenue un standard international (!). La question de l’utilité de fabriquer de la maroquinerie en peau de crocodile, n’avait été soulevée qu’à la fin de la table ronde, concluant la discussion au lieu de l’ouvrir.
- Autre volet des discussions sur les impacts négatifs de l’élevage, la question de l’organisation de la transition protéique avait été abordée. Engager l’agriculture céréalière vers une rotation des cultures représente en effet une conversion aussi importante que celle réalisée pour le “bio”. Des initiatives locales oeuvrent déjà à l’émergence d’une filière graines et légumineuse (Graines et légumineuses de France de Qualisol en Occitanie).
- Extinction Rébellion s’était invitée, sans surprise pour les organisateurs, pour dénoncer, dans un discours en forme de procès pour inaction, le greenwashing général de la conférence, et pointer la responsabilité des entreprises représentées.
Du côté du récit, ces associations se posent en héros d’une ou plusieurs générations face à un ennemi bien identifié. Elles militent pour un sacrifice partagé en vue d’un futur meilleur.
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