Aujourd’hui un quart des émissions de gaz à effet de serre sont imputables au méthane. La baisse de ses émissions est désormais une condition à l’atteinte du scénario +1,5 degré de l’Accord de Paris sur le Climat.
L’imposition de stratégies globales et sectorielles de baisse des émissions de méthane est à prévoir. Elles s’accompagneront rapidement d’évolutions réglementaires auxquelles les entreprises vont devoir répondre.
Les Nations Unies, les États ainsi que les représentants des secteurs les plus émissifs se dotent d’ambitions, d’outils de mesure et d’objectifs à court et moyen terme.
Nouvelles pratiques d’irrigation, amélioration de la qualité de l’alimentation animale, collecte du gaz ventilé lors du passage dans les compresseurs pour le secteur énergétique, ou encore la conversion du méthane en énergie via l’utilisation de décharges comme bioréacteurs, les possibilités de réduction des émissions sont multiples et peu onéreuses selon l’ONU.
Les outils d’aide à la prise de décision tels que l’exercice de simulations financières d’un prix interne du méthane, l’analyse par scenario ou simplement l’évaluation des risques liés au climat mettent en exergue les projets ayant un bénéfice environnemental le plus élevé à court et moyen terme.
Les conventions internationales évoluent pour favoriser la réduction de l’effet de serre dû au méthane.
Le dernier rapport du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC), paru en août 2021, évalue dans son chapitre 6 la responsabilité majeure du méthane dans l’augmentation des températures mondiales. Selon les scientifiques, le méthane est le deuxième gaz à effet de serre derrière le dioxyde de carbone. Il serait à l’origine d’une hausse de 0,5°C des températures mondiales sur les 1,1°C constatés depuis la première révolution industrielle. Ce gaz a une durée de vie dans l’atmosphère plus courte que le dioxyde de carbone mais a un potentiel de réchauffement global 30 à 80 fois plus important selon l’horizon de temps considéré (20 ou 100 ans). Aujourd’hui un quart des émissions de gaz à effet de serre sont imputables au méthane.
La baisse de ses émissions est désormais une condition à l’atteinte du scénario +1,5 degré de l’Accord de Paris sur le Climat. Les instances internationales cherchent à établir un consensus à court terme, l’année 2021 étant particulièrement révélatrice de l’accélération de la prise en compte de ce gaz dans les trajectoires de décarbonation.
Les agents économiques doivent d’ores et déjà intégrer cette évolution dans leur gestion. De nouvelles dispositions réglementaires et normatives voient le jour.
Pourquoi tracer ses émissions de méthane ?
Le méthane est un gaz à effet de serre puissant dont les émissions sont en constante augmentation. Selon le bilan mondial du Global Carbon Project, organisation internationale de recherche sur le climat mondial, publié en juillet 2020, 60% des émissions de méthane seraient d’origine anthropique.
Origine sectorielle des émissions anthropiques de méthane entre 2008 et 2017 (%)
Source: Global Carbon Project 2020
A l’échelle mondiale, l’augmentation actuelle de la concentration de méthane dans l’atmosphère est due autant à l’élevage qu’aux combustions fossiles. Sa répartition géographique est quant à elle inégale : l’Europe est la seule région du monde à avoir réduit ses émissions de méthane au cours des 20 dernières années. L’Afrique, l’Asie du Sud, la Chine et les Etats Unis ne cessent au contraire de les augmenter.
Selon le GIEC, le constat est d’autant plus préoccupant qu’il s’agit d’un gaz à effet de serre, ou effet radiatif*, 120 fois supérieur à celui du CO2. Certes, le méthane est un gaz à durée de vie dans l’atmosphère courte : 11,8 ans selon le dernier rapport d’évaluation (AR6) du GIEC alors que celle du CO2 est estimée à un siècle.
Mais le GIEC estime la valeur du Potentiel de Réchauffement Global (PRG**) du méthane sur 100 ans à 27,9 et sur 20 ans à 81,2 contre un PRG** de 1 pour le CO2. L’horizon de 100 ans retenu jusqu’à présent par convention pour établir les bilans des émissions de gaz à effet de serre n’a pas favorisé la prise en compte du potentiel d’atténuation des émissions du méthane.
Un changement de convention, légitimé par la science, est ainsi à prévoir, en soutien des objectifs de décarbonation internationaux qui doivent désormais se décliner à court et moyen terme. L’accentuation du poids des émissions de méthane rendra prioritaire la baisse de ses émissions. Comme l’affirme le climatologue Hervé Le Treut : « Réduire les émissions de CO2 sans s’occuper du méthane n’est plus possible, il faut agir sur les deux en parallèle ».
Les acteurs s’organisent pour valoriser le potentiel de réduction des émissions de méthane et améliorer leur bilan.
Les Nations Unies, les Etats ainsi que les représentants des secteurs les plus émissifs se dotent d’ambitions, d’outils de mesure et d’objectifs à court et moyen terme.
Comment les entreprises peuvent-elles se préparer à une évolution réglementaire des émissions de méthane ?
L’imposition de stratégies globales et sectorielles de baisse des émissions de méthane est à prévoir. Elles s’accompagneront rapidement d’évolutions réglementaires auxquelles les entreprises vont devoir répondre.
Pour anticiper de nouvelles exigences de divulgation, les émissions de méthane doivent, dès à présent, faire l’objet des mêmes attentions que celles portées au CO2 par les entreprises émettrices. Ceci passe par une évaluation et un inventaire complet des émissions.
Désormais la balle est dans le camp des chefs d’Etat.
Le dernier rapport du GIEC place sous les projecteurs le méthane, longtemps passé au second plan au profit du CO2, et fait état de son rôle potentiellement majeur dans la politique globale de limitation du réchauffement climatique.
Les entreprises sont encouragées à établir des bilans complets de leurs émissions de méthane, à identifier les gisements de réduction et à les prioriser. Les outils d’aide à la prise de décision tels que l’exercice de simulations financières d’un prix interne du méthane, l’analyse par scenario ou simplement l’évaluation des risques liés au climat mettent en exergue les projets ayant un bénéfice environnemental le plus élevé à court et moyen terme.
Désormais la balle est dans le camp des chefs d’Etat. La COP 27 se probablement l’occasion d’intégrer davantage le volet relatif au méthane dans la lutte contre le changement climatique.
* Forçage radiatif : « Variation du rayonnement net, entrant moins sortant, (exprimée en Watts par m2) due à la modification d’un facteur externe du changement climatique, tel la concentration de dioxyde de carbone, la concentration de aérosols volcaniques ou le rayonnement solaire » (GIEC, 6° rapport d’évaluation, Glossaire).
**PRG (Potentiel de Réchauffement Global) : Mis au point par le GIEC, le PRG est un indice qui permet de représenter l’impact d’un gaz à effet de serre sur le climat en comparaison de celui du CO2 dont le PRG est fixé par convention à 1. Cette simplification a permis la création d’une unité de mesure, la tonne de CO2 équivalent.
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