En raison de sa consommation de charbon, le secteur génère 7 % des émissions mondiales de GES et 11 % des émissions mondiales de CO2.
La décarbonation de l’industrie de l’acier fait désormais partie des paramètres centraux de la stratégie du secteur.
Décarbonation de l’industrie de l’acier : pourquoi ?
L’acier est un secteur clef de l’économie mondiale : c’est la deuxième marchandise la plus échangée dans le monde après le pétrole. Le marché de l’acier est également marqué par une capacité de production qui dépasse largement la demande mondiale. Ainsi, cette industrie est caractérisée par une concurrence très forte, qui a mené à la consolidation du secteur.
Aujourd’hui, plusieurs « géants » de l’acier dominent l’industrie suite à une succession d’opérations de fusion et de rachats. La Chine, premier consommateur et producteur d’acier, a notamment stimulé la production des entreprises étatiques au cours des dernières années. En conséquence, la Commission Européenne a mis en place des droits antidumping sur l’importation d’une gamme de produits en acier provenant de la Chine pour contrer cette concurrence jugée déloyale.
L’impact de l’industrie de l’acier est donc considérable, y compris sur le climat. En raison de sa consommation de charbon, le secteur génère 7 % des émissions mondiales de GES et 11 % des émissions mondiales de CO2. Étant le plus grand émetteur industriel de CO2, l’acier est un secteur clef pour l’atteinte des objectifs climatiques.
La réglementation européenne et la hausse du prix du carbone appellent les sidérurgistes à décarboner leur production. En particulier, la réforme du système d’échange de quotas d’émission (SEQE) mettra progressivement fin aux quotas d’émissions gratuits dont bénéficient les aciéristes. En parallèle, la mise en place du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF) impose aux entreprises européennes la déclaration de leurs importations d’acier et des émissions de CO2 associées. Dès 2026, ces émissions feront l’objet d’une taxe carbone aux frontières.
Face à cette pression accrue, les acteurs européens de la sidérurgie se sont engagés en 2020 à réduire leurs émissions de 30 % d’ici 2030 et de 80 à 95% d’ici 2050, comparé à 2018. La décarbonation de l’industrie de l’acier fait désormais partie des paramètres centraux de la stratégie du secteur. L’objectif est de réduire sa dépendance au charbon, qui cause près de 90 % de ses émissions. Ainsi, la transformation de l’industrie de l’acier est une étape cruciale de la transition écologique : sa décarbonation aura un impact majeur sur la consommation d’énergies fossiles.
Les acteurs du secteur doivent orienter leurs choix d’investissement, en particulier lors du renouvellement de leur parc d’outils de production.
L’apport de financement extérieur est capital pour encourager la transformation du secteur.
Quels choix préoccupent les grands de l’industrie de l’acier ?
L’acier est une industrie capitalistique caractérisée par une surcapacité de production, des investissements à très long terme ainsi qu’une sensibilité au prix de l’énergie qui met la rentabilité des producteurs sous pression.
L’enjeu de l’acier vert est renforcé par ces particularités : en effet, la décarbonation de l’industrie implique des prises de décisions immédiates. Les acteurs du secteur doivent orienter leurs choix d’investissement, en particulier lors du renouvellement de leur parc d’outils de production. Le dilemme majeur est le suivant : conserver les hauts fourneaux traditionnels ou se tourner vers des solutions vertes nécessitant de nouvelles technologies coûteuses.
Ainsi, l’apport de financement extérieur est capital pour encourager la transformation du secteur. Cependant, le positionnement des acteurs financiers concernés évolue, ce qui aura un impact décisif sur l’industrie sidérurgique.
Face à l’enjeu de décarbonation du secteur de l’acier, l’industrie s’organise.
Comment réagit le secteur de l’acier face à la nécessité de sa décarbonation ?
Face à l’enjeu de décarbonation du secteur de l’acier, l’industrie s’organise.
Du fait de leur poids dans l’emploi des pays développés, les grands producteurs peuvent se permettre de poser des conditions à leur décarbonation. Dans l’UE, l’industrie revêt en effet une importance stratégique : elle génère 2,5 millions d’emplois et représente une valeur ajoutée de 135 milliards d’euros.
Le secteur bancaire a un rôle à jouer pour freiner le développement des hauts-fourneaux à base de charbon et fournir les financements nécessaires aux projets sans fossiles.
L’ONG recommande de privilégier les politiques sectorielles qui excluent ou limitent le financement de l’acier à base de charbon.
La pression de la décarbonation s’exerce sur les financements bancaires traditionnels.
Le financement du secteur de l’industrie de l’acier est en train de changer.
Les banques sont appelées à sortir de ce secteur industriel traditionnel. En conséquence, les industriels recherchent d’autres relais de financement auprès de budgets publics ou auprès de leurs clients.
Le rapport de Reclaim Finance pousse les banques vers la sortie.
En mars 2024, l’ONG Reclaim Finance a publié un rapport intitulé « Steeling our future : Les banques qui soutiennent l’acier à base de charbon ».
Ce rapport souligne l’importante responsabilité des banques dans la transition du secteur de l’acier. Reclaim Finance rappelle que le développement de nouvelles technologies indépendantes du charbon métallurgique pourrait l’éliminer de la fabrication de l’acier d’ici 20 ans.
Le secteur bancaire a donc un rôle à jouer pour freiner le développement des hauts-fourneaux à base de charbon, et fournir les financements nécessaires aux projets sans fossiles.
Cependant, l’acier vert ne semble pas encore être la priorité des banques. Le rapport montre que les engagements des banques internationales sur l’acier sont largement insuffisants. De la même manière, malgré l’adoption de cibles de décarbonation par les banques, ces dernières continuent à financer des projets d’expansion de capacité de production d’acier à base de charbon ou de prolongation de la durée de vie des actifs à base de charbon. Ainsi, Reclaim Finance appelle les acteurs bancaires à agir immédiatement. Comment soutenir la transformation du secteur ? L’ONG recommande de privilégier les politiques sectorielles qui excluent ou limitent le financement de l’acier à base de charbon.
En Europe, un soutien public massif s’est mis en place pour contribuer au financement de l’acier vert.
La transition énergétique sera financée par des partenariats public/privé et un soutien public massif.
En Europe, un soutien public massif s’est mis en place pour contribuer au financement de l’acier vert.
En début d’année, la Commission européenne a par exemple approuvé une mesure d’aide d’État allemande de 1,3 milliard afin d’aider ArcelorMittal à décarboner sa production d’acier. La mesure sera en partie financée par la facilité pour la reprise et la résilience (FRR), un instrument temporaire du programme NextGenerationEU. Cette aide s’ajoute à plusieurs subventions déjà validées par la Commission : l’Allemagne va donc débloquer plus de 7 milliards d’euros pour accélérer la transition écologique de son industrie sidérurgique.
En France, le géant de l’acier ArcelorMittal peut également compter sur le soutien de l’État. Dans le cadre du plan France 2030, le gouvernement a confirmé en janvier 2024 son appui au projet de décarbonation de son site de Dunkerque. Au total, 1,8 milliard d’euros seront investis pour accélérer la transition du premier site de production d’acier en France, qui représente à lui seul 15% des émissions industrielles de CO2 du pays.
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